1 nov. 2019

A la découverte du Ouïghouristan / Открывая Уйгурстан

Une longue journée de piste puis route m'a conduite de Charyn à Chundzha, la 2ème ville du district de Zharkent.

Zharkent. Enceinte de l'ancienne mosquée chinoise

Interprète non identifié : "Liwen yarlar" (chant uygur)

C'est une petite ville terne, peuplée majoritairement de Ouïghours (ou Uyghurs, ou Uygurs...). Le premier gars qui m'a abordée, intrigué par mon tricycle, m'a conseillé 2 adresses pour manger et dormir, et il avait l'air sympa. J'ai suivi ses conseils, et j'ai bien fait : j'ai mangé le meilleur lagman de mon périple (une spécialité à base de ragoût viande + légumes émincés, herbes, épices et nouilles fraîches).

Chundzha centre-ville...

A l'hôtel, j'ai bavardé avec une équipe de géologues-cartographes russo-kazakhs en mission. Ils venaient d'Ust-Kamenogorsk, à 1200 km au nord dans l'Altaï kazakh, et s'ennuyaient ferme le soir dans ce bled. Ils m'ont offert une bouteille de miel de chez eux, en échange de la promesse que si j'allais visiter l'Altaï, je leur rendrai visite en apportant un peu de fromage et de vin français. Ils ont été amusés quand je leur ai dit combien je payais le kilo de miel bio en France : leur cadeau prenait de la valeur !

Zharkent. Chauffeurs de taxi en attente de clients face à la sortie du bazar

Le lendemain, la pluie et la monotonie du paysage (cf prochain épisode) m'ont incitée à faire un tronçon en taxi, jusqu'à Zharkent. En proposant chaque fois un peu moins de tengue par km que la fois précédente, je m'approchais des prix non touristiques ; mais aucun chauffeur ne m'a jamais demandé des sommes exorbitantes par rapport à ce qui se pratique localement.

Loisirs actifs pour les jeunes de Zharkent : désherbage du parvis de la mosquée chinoise

A Zharkent, chef-lieu de la région uygur du Kazakhstan, j'ai commencé par visiter la mosquée chinoise. Je croyais que ce serait "très touristique", mais en fait peu de touristes viennent jusqu'ici, bien qu'on ne soit qu'à 300 km d'Almaty par la route directe.

Zharkent. Annexe de l'ancienne mosquée chinoise

Contrairement à ce que je croyais, ce n'est pas une mosquée dungane (une minorité musulmane chinoise), mais le résultat d'une lubie d'un potentat local, qui avait confié la construction de la mosquée à un architecte chinois. Le bâtiment principal est en bois peint, et les toits font plus penser à une pagode qu'à une mosquée.

Zharkent. Toit de l'ancienne mosquée chinoise

J'ai longuement flâné au bazar, encore un haut lieu du recyclage de containers ferroviaires (comme à Osh, Murghab, Khorog,...).

Zharkent. Une allée du bazar peu avant la fermeture

Zharkent. Etal de tissus au bazar central On trouve de tout, et en particulier énormément de vêtements ou d'accessoires made in China : Zharkent est à moins de 40 km de la frontière chinoise, et le poste-frontière de Khorgos est un point de transit international important pour le fret, sur la "Nouvelle route de la Soie".

La première famille uygur que j'avais rencontrée, dans le canyon de Charyn, m'avait spontanément tendu un smarphone avec des vues d'Ürümqi et de Kashgar sur fond de musique traditionnelle uygur, pour me donner envie de visiter leur pays. Enfin, pays, façon de parler, puisque l'Ouïghouristan n'a pas d'existence légale.

Zharkent. Une rue entre bazar et ancienne mosquée

La plupart des OuÏghours (environ 11 millions) vivent dans le Xinjiang, une province chinoise historiquement connue sous le nom de Turkestan oriental. Ils sont aussi majoritaires dans le sud-est du Kazakhstan, mais comme je vous ai peut-être déjà dit, le Kazakhstan est plein de vide, donc là, ils sont moins de 300 000.

Dans le bazar de Zharkent à l'heure de la fermeture

En résumé, les OuÏghours sont à l'origine un peuple altaïque qui a assimilé des tribus persanes, puis a été envahi par les Mongols, puis par les Chinois. De ces brassages, il reste un peuple linguistiquement et culturellement très proche des Ouzbeks (ça s'entend dans leur musique), mais devenus citoyens chinois de seconde zone. Et en me documentant à leur sujet pendant une petite averse à Zharkent, j'ai découvert que cette région d'Asie Centrale avait une histoire plus riche que je ne croyais : elle a aussi été habitée, dans l'Antiquité, par un peuple indo-européen disparu depuis, vraisemblablement venu de Sibérie, les Tokhariens.

Dans le bazar de Zharkent. Le gars avec la calotte ouzbek fait du change.

Les OuÏghours ne sont pas spécialement brimés au Kazakhstan, mais en Chine, si. Et pas de chance, le gouvernement kazakh préfère ménager son puissant homologue chinois plutôt que les Uygurs qui se risquent à passer la frontière pour demander le statut de réfugié politique chez leurs cousins turcophones.

Une boucherie dans une rue de Zharkent

L'accueil chez les Uygurs kazakhs m'a un peu rappelé l'Ouzbékistan, et aussi, par certains côtés, le Kurdistan iranien. Les Uygurs sont bien centre-asiatiques, mais un peu moins russifiés, un peu plus souriants et avenants que les Kazakhs. Les Uygurs du Kazakhstan partagent avec les Kurdes d'Iran quelques lointaines racines culturelles (les Uygurs, turcophones, portent parfois un prénom d'origine persane, comme Azadi, Nargiz, Bakhtyar,...), et une situation géopolitique similaire. Et puis, à l'hôtel, il y avait une douchette dans les WC :-)

Passants uygurs dans le bazar de Zharkent

Interprètes non identifiés : "Aldida" (chant uygur)

Bref, même si ces nuances seraient peut-être à peine perceptibles pour un voyageur non familier avec les cultures d'Asie centrale et d'Iran, j'ai apprécié mon petit détour en terre ouÏghoure, sans la pression de l'administration chinoise qui maintient sa "province autonome uygur" du Xinjiang sous surveillance étroite, un peu comme la Turquie le fait pour ses Kurdes, mais avec les redoutables moyens industriels de la Chine.

Zharkent. Automate des télécomm kazakhes avec son mignon petit rideau pare-soleil

Quand j'ai posé discrètement une question à propos du sort des uyghurs chinois à un chauffeur de taxi uygur entre Chundzha et Zharkent (il portait un prénom d'origine persane et la calotte noire avec broderies blanches qu'on voit couramment en Ouzbékistan), il n'a pas été très bavard. Il s'est contenté d'acquiescer quand j'ai demandé si la vie était plus difficile pour les Yugurs côté chinois. Sans doute savait-il que quand des Uygurs kazakhs passent la frontière pour commercer, leur passeport kazakh ne suffit pas à les mettre à l'abri du Big Brother chinois...

12 sept. 2019

Charyn - la route des châteaux / Чарын - долина замоков

Au pied du col Alasa, on peut bifurquer vers l'est sur un bout de route toute neuve qui se transforme en piste après une dizaine de km.

Gaukhartas : "Қазағым-ай"

Entrée du parc national du Canyon de Charyn. Mon ticket d'entrée est à 752 KZT, un peu moins de 2€

Elle mène à un des sites naturels classés du Kazakhstan : le parc national du canyon de Charyn. Contrairement à la steppe plutôt aride qui l'entoure de toutes parts, ce canyon n'est pas très étendu, mais il est très photogénique.

Soldat kazakh en tenue de camouflage. Il y avait des exercices de tirs à environ 20 km en amont

Après le poste de garde où on paie un ticket d'entrée, on tombe sur une enfilade de 2 ou 3 parkings avec vue sur le canyon ; des camping-car 4x4 de touristes y sont postés, ainsi qu'un marchand ambulant de boissons fraîches.

Nous étions au bord du gouffre, mais depuis, nous avons fait un grand pas en avant

Ensuite, à pied ou à vélo, on peut descendre jusqu'à la rivière Charyn, en passant par la "Vallée des châteaux".

Un des accès à la vallée des Châteaux

Le tronçon amont de la piste est VRAIMENT raide... Le tronçon raide en début de descente est impressionnant, surtout quand on pense qu'il va falloir le remonter, ou plutôt, qu'il va falloir remonter le tricycle et les sacoches au retour...

Mais assez vite, la pente s'adoucit et la piste serpente entre des blocs et des colonnes rocheuses sculptées par l'érosion. Magnifique avec l'éclairage de fin d'après-midi, et pas mal aussi en début de matinée.

Même sans filtre polarisant (perdu dans les Tian-Shan...), en fin d'après-midi c'est chouette !

C'est un vrai festival, et admirer tout ça en se laissant glisser sur une chaise longue, c'est magique !

Après le tronçon raide, ça devient très agréable de rouler vers l'aval de la vallée des châteaux

OK, la piste est un peu ensablée et il faudra pousser au retour, mais peu importe...

Canyon de Charyn vu d'en bas

Et tout en bas, on trouve des arbres, une aire aménagée avec quelques bungalows et yourtes de location, un café-restaurant, des emplacements pour quelques tentes, et même une mini-plage.

La mini-plage à 2 pas du camping, au fond du canyon de Charyn

C'est tellement chouette que j'y ai passé quasiment 2 jours, en compagnie de Géraldine et Erwan, et Aurélie-Anne et Daniel, respectivement cyclo- ou pédi-voyageurs belges et canadiens.

Ca fait du bien de se rafraîchir dans le lit de la rivière Charyn

Je me suis baignée dans l'eau claire et vivifiante de la rivière Charyn, et j'ai remonté mes grosses sacoches un jour, en profitant d'un tronçon desservi par une navette-taxi Lada Niva 4x4,

Canyon de Charyn. Navette-taxi Lada 4x4 et touristes dans la vallée des Chateaux

puis mon trike le lendemain, après une nuit tranquille dans un des petits bungalows. Tout remonter en une fois, ça aurait été rude...

En passant à pied, on peut plus facilement explorer les recoins de la vallée

J'ai récupéré mes sacoches à la cahute des gardiens, et en route pour Zharkent. En effet, après avoir bavardé avec 2 familles uygures rencontrées par hasard dans le canyon, j'ai décidé de changer d'itinéraire.

Bloc sculpté et bousculé par l'érosion. Combien de temps tiendra-t-il encore ???

Au lieu de revenir à Almaty par la petite route de montagne entre le lac Bartogay et le plateau d'Assy, un peu au nord de la frontière kyrgyze, je reviendrai en faisant une boucle par Chundzha, Zharkent, le parc national Altyn Emel et le lac de barrage de Kapchagay. Un peu à cause des prévisions météo (grosses averses prévues en montagne), et un peu pour découvrir ces Uygurs dont je ne connaissais pas grand chose.

Ekopark au fond du canyon de Charyn

21 août 2019

Jour de fête / Праздничный день

Dès mon retour au Kazakhstan, j'ai pu remarquer, comme à l'aller, quelques différences entre les 2 pays riverains.

Troupeau de chevaux dans la steppe entre Kegen et Karkara

Kerwan : "Қара жорға"

Steppe entre Kegen et la frontière kyrgyze

Ici, moins de touristes, herbe un peu moins verte, mais malgré cela niveau de vie plus élevé : moins de vieilles Lada et plus de voitures japonaises, plus de WC à l'occidentale et de mitigeurs dans les douches, agriculture plus mécanisée, troupeaux de chevaux plus gros, bankomats même dans de petites villes...

Cimetière d' Ak-Say dans la steppe kazakhe entre les cols Kegen et Alasa

Le fait que les touristes sont nettement plus dilués au Kazakhstan est plutôt agréable : les gens du coin m'abordent par curiosité plus que pour vendre un service ou un gîte ; on me demande souvent si mon tricycle a une assistance électrique, alors que les Kyrgyzes me demandaient d'abord combien ça coûte.

Départ du bivouac 3* au bord de la rivière Charyn

Des automobilistes m'ont même à 2 ou 3 reprises offert du ravitaillement en cours de route : fruits, biscuits, ou même une boîte de petits chocolats à la marmelad que j'ai préféré abandonner dans le frigo du gîte suivant, j'avoue...

Descente sur la rivière Charyn en amont du canyon

Et puis, j'abordais 2 étapes faciles, avec, enfin, nettement plus de descente que de montée.

Vue du col de Kegen, versant nord

Au sommet du premier col, un gars me fait signe et m'appelle : il me propose une pause-thé. Ça tombe bien, j'ai soif ; et puis, un thé en Asie centrale, ça ne se refuse pas. Et là, surprise, en guise de thé, c'est un repas complet qui m'attend : beshbarmak (spécialité à base de viande de mouton et de patates, dont le nom indique qu'on a le droit de manger avec les doigts), salade, beignets, fruits, thé, kumyz (le fameux lait de jument fermenté), vodka...

Repas de fête au col Kegen

J'ai invoqué le régime imposé par ma récente gastro pour limiter la quantité de choses à ingurgiter. J'ai échappé à la vodka, mais pas au gras de mouton : "avec du kumyz, ça passe tout seul" , m'a expliqué ma voisine de table en m'en resservant un verre... Bon, le mouton et le kumyz étaient tous deux bien frais, c'est passé.

Après le repas, on danse !

Après j'ai dû porter un toast (en russe), j'ai remercié cette grande famille pour son hospitalité. On m'avait expliqué, pendant que je dégustais mon beshbarmak, que ce repas faisait partie des préparatifs d'un mariage.

Le musicien du mariage kazakh était kyrgyze

La famille du futur marié, sans lui, allait chercher la future mariée dans sa famille à Kegen, pour la ramener à Almaty où le mariage serait célébré dans une dizaine de jours. Mes hôtes ont ensuite dansé un peu au son de l'accordéoniste-chanteur et on est repartis chacun dans notre direction.

Descente du col de Kegen. Au fond, la steppe entre les cols Alasa et Kegen.

J'ai ensuite eu un peu de mal dans la remontée du col Alasa, mais les 2 descentes de cols et le grand faux-plat descendant sur un tronçon de route toute neuve et lisse jusqu'au parc national du canyon de Charyn étaient super.

Steppe de plus en plus rapée, mais ici ça roule tout seul !

J'ai même parcouru avec plaisir un tronçon de steppe pelé où les aigles ne volaient près de moi que quand l'appareil photo était éteint au fond de sa sacoche.

Un aigle posé au bord de la route quelques mètres devant moi

15 août 2019

Un petit saut au Kyrgyzstan / Небольшой прыжок в Кыргызстан

Je savais avant de partir (et la charmante hôtesse au comptoir Turkish Airlines de Cointrin le savait aussi) que sans visa, je n'avais pas le droit de rester plus de 30 jours consécutifs au Kazakhstan, alors que je suis partie pour 33 jours.

Un entraînement de kök börü (ou boozkachi) à San Tash : but !

Kudaibergen ansambl : "Конил кұй"

J'avais décidé de faire un petit détour au Kyrgyzstan voisin pour réinitialiser mon compteur des 30 jours : on peut aussi entrer au Kyrgyzstan sans visa pour les séjours < 30 jours, la frontière n'est qu'à 30 km de Kegen, et le lac Yssyk Kul à 120 km, avec au passage un col à + de 2000, facile vu que Kegen est déjà à presque 1800m.

Abords du col de San-Tash. C'est plus vert qu'au Kazakhstan

A l'aller, j'ai passé la frontière en heure creuse, vite fait. Le plus long était d'attendre que les policiers kazakhs puis kyrgyzes essaient mon vélo à 3 roues en se photographiant les uns les autres (moi, j'avais pas le droit de prendre de photos). Au retour, y avait un peu de queue, à cause des Kazakhs qui rentrent de leur week-end au lac, mais le tricycle a été autorisé à dépasser les voitures donc je n'ai pas trop attendu.

Poste frontière de Karkara

Le reste du détour m'a pris un peu plus longtemps que prévu, à cause de quelques dizaines de kilomètres de pistes pas très roulantes (en passant, j'en profite pour rendre grâce à la suspension du trike AZUB Ti-Fly, elle amortit bien), et d'une petite tourista vraisemblablement causée par de la mayonez qui avait pris un coup de chaud. Mais cette semaine au Kyrgyzstan était bien agréable.

Etal de pastèque dans le bazar de Karakol

Les Kyrgyzes sont culturellement et linguistiquement très proches des Kazakhs, mais leur pays est tout petit, et on y trouve une multitude de paysages variés sur de courtes distances, contrairement au Kazakhstan où cette variété s'étale sur des milliers de kilomètres. Le Kyrgyzstan est donc, logiquement, devenu nettement plus touristique. Et comme il n'a, contrairement au Kazakhstan, pas d'énormes ressources minières et pétrolières, eh bien on y exploite les touristes, mais ça reste raisonnable pour un touriste de la zone euro.

Le bazar central de Karakol

Ainsi à Karakol, point de passage de hordes de touristes, j'ai créché pour 1500 sums (20€/nuit) chez Svetlana, qui tient un gîte propret et très confortable appelé Argo Dom : chambres impeccables avec douche à l'italienne, couette en duvet, p'tit-déj copieux et savoureux inclus, et seulement 500 sums le supplément banya (il y a bien moins cher, un peu moins de 10€/nuit dans les "hostels" avec WC et douche communs)

Aigles-volants synthétiques au-dessus d'une plage kyrgyze

Et puis, il suffit de sortir un peu des itinéraires touristiques classiques pour trouver des coins calmes ou fréquentés quasi exclusivement par des gens du coin.

Cimetière de Boz-Beshik. Au fond, chaîne des Terskey Ala Tau

J'ai ainsi pris un premier bain très tranquille sur la datchniy plyazh, la plage du coin des datchas à Mikaïlovka. Piotr, un retraité russe veuf depuis 2 ans, m'a tenu compagnie et m'a conseillé une autre petite plage à l'eau plus claire, un peu plus loin entre 2 vergers.

La plage des datchas â Mikhaïlovka

Ensuite, je suis tombée un peu par hasard, en suivant les indications de 2 villageois de Ak-Döbö, sur une plage très animée avec de nombreuses familles kyrgyzes en week-end.

Plage fortement fréquentée par les locaux le week-end, environ 35km à l'ouest de Karakol

J'ai assisté à une fête célébrant les premiers pas de la petite dernière d'Adilet. A cette occasion, on entrave symboliquement les pieds du bambin avec un double fil de laine noire et blanche,

La petite dernière d'Adilet dont on fête les premiers pas, et à sa gauche, le gros lot de la journée : un mouton

et au moment de couper ce fil à la patte, les invités et autres passants participent à une course dont le bambin est la ligne d'arrivée, et dotée de divers lots, selon la catégorie de coureurs :

La course, catégorie Dames, avec des plats et divers ustensiles de cuisine à gagner

petits garçons, petites filles, hommes, et femmes.

La course pour le mouton à l'occasion de la fête des premiers pas de la fille d'Adilet

Le gros lot, pour l'homme le plus rapide, était rien moins qu'un mouton encore vivant, destiné à devenir assez rapidement kurdak, beshbarmak et autres shashliks.

Le gagnant de la course repart avec le gros lot : un délicieux mouton

Dès la fin de cette festivité, mon tricycle est naturellement devenu la principale attraction de la plage.

Et c'est parti pour une longue séance d'essais de tricycle et/ou de photos sur la chaise longue à pédales

J'avais pas le temps de souffler. Fallait que je donne quelques consignes : non, on ne tire pas le velosiped par les gaines de frein, on ne le pousse pas par les garde-boue, on ne monte pas à plus de 2 à la fois sur le siège, et le porte-bagages est réservé aux enfants de moins de 30 kilos, etc. Parfois on me demandait d'arbitrer sur qui ferait le tour suivant.

Trop petit pour atteindre les pédales ? Ce n'est pas un problème !

Elim, un brave gamin désireux lui aussi de piloter l'engin, est même venu timidement me demander si c'était gratuit. Ca faisait plaisir de voir sa mine réjouie au guidon de ma chaise longue à pédales. Par contre, les yourtes sur la plage n'étaient pas du tout gratuites, et si j'avais discuté le tarif avant d'y passer la nuit, je crois bien que j'aurais plutôt planté ma tente...

Yourte payante au prix d'un hôtel chic

Pour me remettre de cette trépidante journée, je suis allée me reposer au pansionat Marko Polo, une quinzaine de km plus à l'ouest.

Plage privée du pansionat Marko Polo, près de Boz-Beshik

Là, ce n'est pas le même public. Ma chambre avec balcon au pansionat Marko Polo. Admirez particulièrement la découpe de la moquette au niveau du seuil du balcon. En gros, c'est une résidence de luxe ex-soviétique rénovée, avec un parc verdoyant et une plage privée équipée de chaises longues sans pédales mais avec parasols, et avec un banya au bout d'un ponton en bois, pour pouvoir sauter directement du sauna dans le lac.

J'y ai passé 3 jours pour profiter du lac, et pour digérer la mayonnaise daubée du premier repas en pension complète...

Plage du pansionat Marko Polo vue depuis le quai du banya

Après cet intermède balnéaire, j'ai pris le chemin du retour, partiellement en taxi pour ne pas repasser trop de temps sur la tôle ondulée entre Sary-Tölögöy et Karkara. Bye bye Kyrgyzstan. Oydon, mon chauffeur de Karakol à Karkyra Le chauffeur Oydon était intéressant, ancien apparatchik communiste, cultivé, plein d'entrain et d'humour, et plutôt content de pouvoir causer à un touriste occidental qui parlait russe. Quand je lui ai expliqué que j'avais un vélo aussi spécial à cause d'un accident qui m'avait laissé quelques séquelles évaluées à 10% d'invalidité, il m'a répondu qu'il mériterait lui aussi 10% d'invalidité vu qu'il avait 10 ans de plus que moi... Et il a continué à chanter.

Steppe dans la région frontalière Kazakhstan / Kyrgyzstan. Elevage de chevaux, vaches, moutons, et abeilles

3 août 2019

Intermodalité dans les Tian Shan / Интермодальность в горах Тянь-Шань

Les montagnes, c'est tau en kazakh ou en kyrgyz, et shan en chinois ; mais ici comme au Kyrgyzstan, le massif des Tian Shan porte ce nom chinois qui signifie montagnes célestes.

Camp de base Mramornaya stena. Pic Bayanköl (ou un de ses voisins)

Kerwan : "Örüldük biz her yana"

Un des buts de mon voyage est de voir la face nord du Khan Tengri, un des 5 "7000" de l'ex URSS, et point culminant du Kazakhstan. Elle est difficile d'accès depuis le Kazakhstan : pour aller au camp de base nord, il faut soit franchir un col glaciaire bien raide à + de 5000m (exclus avec mon épaule+poignet estropiés), soit passer par le Kyrgyzstan en hélico pour remonter la vallée de la branche nord du glacier Enylchek, dont l'accès est barré par le lac glaciaire Merzbacher. Je ne pourrai donc pas voir la face nord d'aussi près que la face sud en 2013, lors d'un très beau trek sur le glacier Enylchek sud au Kyrgyzstan. Je m'en contenterai.

Route de Narynköl. En face, la Chine.

Mon itinéraire consiste à remonter la vallée de Bayanköl, en direction du point triple Kazakhstan / Chine / Kyrgyzstan. Pour cela, un permis zone frontière est évidemment requis. J'ai fait appel à une petite agence d'Almaty, dénichée via le forum Caravanistan : elle m'a proposé de me joindre à un petit groupe qui avait justement prévu d'aller au Kitaïski pereval (en russe, le col chinois, 3980m) et au pic Astana (4550m), depuis le camp de base Mramornaya stena, appelation due à la belle paroi de marbre en face nord du pic portant ce nom (mur vers 5700m, sommet 6400m).

Mramornaya stena, le mur de marbre vu de son.camp de base

Première partie du trajet : en trike jusqu'à Kegen, par le col du même nom. Deux cols, à environ 1400m puis 1900m, permettent de passer de la steppe à 700m à une steppe à 1700m, un peu moins sèche et moins chaude.

Un arrêt d'autobus typique dans la steppe kazakhe

Steppe près de Kegen On franchit en passant un creux qu'il faut immédiatement remonter : l'extrémité amont du canyon de Charyn, au fond duquel on trouve quelques super coins de bivouac ****.

Même si j'ai dû partager mon coin avec Zoïa et Petya, un sympathique couple de retraités russes d'Almaty, c'était super tranquille. Zoïa et Petya n'ont pas eu de chance : contrairement à leur précédent bivouac ici, ils n'ont pas attrapé de truite, et surtout leur matelas pneumatique fuyait...

Bivouac **** dans le canyon de la rivière Charyn

Juste avant le bivouac suivant, 350m sous le col Kegen, j'ai croisé un minibus de randonneurs kazakhs qui revenaient enthousiastes de Bayanköl. Ils m'ont offert une bonne rasade de kumyz (lait de jument fermenté) et j'ai eu droit à une N-ième séance de photos avec le tricycle.

Petite pause au col Kegen. Je vais boire un thé pendant que Sharbat et ses amis essaient le trike

A Kegen, je m'attendais à trouver l'unique petit hôtel presque vide, mais non : c'est une étape pratique pour les voyageurs qui font une traversée ou une boucle entre Kazakhstan et Kyrgyzstan (dont plusieurs cyclistes en partance ou en provenance de la route du Pamir). J'ai donc dû faire un peu la queue à l'unique douche, mais bon, c'était propre et l'eau chaude était bien chaude ; presque trop , vu que le mitigeur à la russe passait de glacé à brûlant en une petite fraction de quart de tour..

Ma chambre à l'hôtel Kegen. La patronne a tenu à rentrer le trike dans le hall d'entrée

Le lendemain, mon guide Anna et sa petite équipe, partis le matin même d'Almaty, passent me prendre. J'ai donc fait le trajet Kegen - Bayanköl - Zharkulak dans un gros 4×4 Toyota que Sergey conduisait à vive allure sur une route ondulée puis carrément défoncée, en écoutant des chants cosaques en version hard-rock. Impossible de viser et prendre des photos en route, ça secouait trop.

Ойся ты ойся, ты меня не бойся (chant cosaque, version rok-metal)

Narynköl. Steppe au pied des Tian Shan.

On a dû s'arrêter plus de 1 h en route pour des formalités liées aux permis zone frontière, à Narynköl puis au poste de contrôle de Bayanköl.

Poste de contrôle de la zone frontière de Bayanköl

La zone frontière est délimitée par des kilomètres de clôture barbelée, et admirez le soin du détail : on peut y voir quelques épouvantails en uniforme de garde-frontière disséminés dans les champs ou sur des miradors, en plus des vraies patrouilles.

Vallée de Bayanköl en amont du poste de contrôle des pogranitchnii

Au détour d'un virage sur la piste, la voiture d'Anna stoppe : il est là !

On le verra mieux au téléobjectif : au fond, le Khan Tengri, face nord.

Pause photo, le Khan Tengri (7010m) dépasse tout le reste à l'horizon. On ne le reverra plus ensuite...

Zoom sur le Khan Tengri. Il n'est visible que depuis un très court tronçon de la vallée de Bayanköl

Au bout de la piste à Zharkulak, Serdzhan nous attend avec 2 chevaux. Ce sont ces braves bêtes qui vont porter nos sacs à dos, et les 2 sacs isothermes de viande que la guide devait livrer pour ravitailler le camp de base.

Bout de la piste et début du chemin à Zharkulak

Et nous, on part à pied. Aydar portait un petit sac à dos complet de matériel photo-vidéo Il ne faudra pas longtemps pour que la guide Anna remarque que je suis plus lente que le reste du groupe. Le contraire aurait été étonnant : Anna, Dilia et Laura sont 3 triathlètes qui courent aussi le marathon, et le photographe Aydar est un trapu tout en muscles. Et comme on démarre tard, pour éviter de devoir monter un grand tronçon de nuit, la solution s'impose : les sportifs marcheront vite, et moi je vais rejoindre les sacs sur le second cheval.

Montée au camp de base, vue de mon cheval

J'étais moyennement rassurée par cette proposition, vu que je n'ai jamais fait de cheval, mais j'ai rapidement constaté que c'était sans risque. Déjà, chargés comme ils étaient, les chevaux n'avaient aucune envie de faire des embardées ; et en plus ils étaient encordés, c'est donc Serdzhan et le premier cheval qui conduisaient.

Vue sur Serdzhan et le cheval de tête, et premier aperçu de Mramornaya Stena

Du coup, j'ai trouvé la montée bien agréable, surtout le tronçon oû le chemin serpente entre de petits buissons épineux : les plantes m'arrivaient à peine au mollet. Il fallait juste que je sois attentive pour ne pas perdre l'équilibre quand le cheval franchissait des marches, ou s'encoublait dans la corde reliant les 2 chevaux. Mais on s'y fait vite. Et presque sans effort, je suis arrivée 1/2 h avant les triathlètes marathoniens, qui, comme prévu, ont fini à la frontale.

Arrivée au camp de base Mramornaya stena

Le lendemain et le surlendemain, par contre, j'ai marché. Les 2 guides Anna et Dima (on a rejoint un autre groupe de la même agence) avaient prévu une rando d'échauffement au Kitaïski pereval. On s'est arrětés au pied de l'éboulis terminal, à environ 100m de la frontière chinoise.

Arrivée sous le Kitaïski pereval, 3900m

Quand j'ai suggéré que ce serait chouette d'aller se promener en Chine sans visa, un des Russes du groupe m'a répondu ironiquement "Oui, oui, tu peux, mais seulement une fois"...

Arrivée et pause sous le Kitaïski pereval

Et le surlendemain, après de longues palabres, redescente, car les prévisions météo étaient pourries pour les 5 prochains jours : L'edelweiss n'est pas une espèce rare dans les Tian Shan pluie (on a déja eu une grosse averse le 2ème soir) puis neige y compris au camp de base...

Enfin, même s'il avait fait beau, je crois bien que je ne serais pas arrivée au sommet du Pik Astana (anciennement Krugozor) : 3 demi-journées de marche sur moraine avec bâtons + petit sac à dos ont commencé à réveiller les douleurs épaule droite + poignet gauche qui m'ont tellement enquiquinée pendant les mois qui ont suivi mon accident de mars 2017...

Après la redescente à pied, retour à Kegen entassés à 5 dans le moins gros 4x4 Nissan d'Anna, avec des bagages plein le coffre et sous, entre et sur nos jambes (on rapatriait des tentes du camp de base en plus des 5 sacs à dos, et le gros 4x4 de Sergey n'était plus là).

28 juil. 2019

Au pays des aigles / В странe беркутов

Je vous donnerai un aperçu d'Almaty quand j'y reviendrai, après ma virée dans la steppe et la montagne.

Juan, cyclo-voyageur argentin dans la pampa kazakhe

Asylbek Ensepov : "Великая степь "

J'ai consacré mes 2 premières journés à la récup de sommeil + décalage horaire et aux préparatifs : remontage du trike sous les regards intrigués et amusés d'Aydar (un biznesman de Karaganda en voyage d'affaires) et de la réceptionniste Yelena, dépose du sac à dos que je retrouverai avec mon guide à Kegen, premier contact avec la gastronomie locale dans un restau kazakho-russo-coréen (émincé de cheval au wok, pas mal du tout), et enfin relaxation au banya de l'hôtel.

Avant l'effort, le réconfort. Sauna de l' hôtel Resident à Almaty

Pour mon départ, l'autre réceptionniste Venera m'a judicieusement conseillé d'aller à l' avtovokzal Sayakhat plutôt que d'appeler un taxi. Ce n'est pas la principale gare routière d'Almaty mais je n'ai eu aucune peine à trouver un taxi à grand coffre pour un prix correct (le tarif varie de 20 à 30 € les 100 km, selon le véhicule, le chauffeur, et les chances qu'il trouve des passagers pour le trajet retour). En chemin il a fait le plein de GPL (70 KZT soit moins de 20 centimes le litre...) et une pause au dernier bazar avant la steppe.

Parking dans la steppe kazakhe. Pont pour vidanger le moteur et WC sans eau.

Premières impressions de cycliste sur la route : le Kazakhstan, c'est grand ! Ce qui apparaissait comme une simple vallée sur ma carte du pays est une large steppe avec quelques montagnes à l'horizon de part et d'autre.

Steppe au sud-est d' Almaty. Les montagnes visibles à l'horizon appartiennent aux diverses chaînes des Ala Tau.

Pendant ma première demi-journée de pédalage, aucun risque de surmenage des poignets : en moyenne un virage tous les 5 km.

Vue de ma chaise longue

Par contre, avec mon enclume à 3 roues et son chargement, je sens vite que la steppe du sud-est du Kazakhstan n'est pas parfaitement plate : les faux-plats successifs font efficacement baisser ma vitesse moyenne.

Steppe kazakhe, variante faux-plat montant avec vent de face. Au fond, le premier village sur la route depuis 50 km.

Un des 2 aigles qui survolaient mon bivouac *** en amont du canyon de Charyn J'ai donc tout mon temps pour admirer le vol des aigles, en position semi-allongée sur le trike c'est confortable. J'en ai vu un qui s'entraînait ou s'amusait à enchaîner les phases finales de piqué, pattes et griffes tendues en avant puis remontée immédiate : impressionnant mais difficile à photographier ! L'autre aigle qui survolait mon bivouac *** en amont du canyon de Charyn

Petite remarque pour les russophones : les aigles que j'ai vus étaient presque tous des aigles royaux, dont le nom russe berkut est d'origine kazakh.

Au prochain épisode, j'arrive dans les montagnes (le blog est déjà en retard sur moi, je profite de mes vacances!). Et je complèterai en photos plus tard : en voici quelques-unes.

Zoom sur les aigles 1 à 3 de l'escadron de 6. Parc national Altyn-Emel

23 juil. 2019

Almaty via Istanbul / Алматы через Стамбул

Voilà, je suis arrivée à ma prochaine destination, que vous aviez probablement reconnue grâce aux indices de l'article précédent : le Kazakhstan,

Ulytau : "Ақжелкен"

et plus précisément pour commencer, son ancienne capitale Almaty, que les Kazakhs russes âgés continuent d'appeler Alma-Ata (alma, en kazakh, c'est la pomme). Pas encore eu le temps de visiter la ville, mais j'ai passé en chemin prés de 5 h dans le tout nouvel aéroport d'Istanbul, excentré au nord de la ville.

Un des halls du nouveau Istanbul Great Airport

Je n'ai pas essayé de compter s'il avait encore plus de portes d'embarquement, mais la surface est a l'évidence plus grande car la foule habituellement dense est diluée dans des allées spacieuses. Les premiers WC le long de l'immense galerie des arrivées étaient à la turque et avec douchette :-) . J'ai retrouvé les boutiques duty-free qui offrent des dégustations de loukoums (j'aime bien ceux à la rose, et pistache-grenade) et testé les nouvelles banquettes des salles d'attente.

Banquettes matelassées le long des allées du nouvel aéroport d'Istanbul

Elles ne sont pas toutes, loin s'en faut, optimisées pour qu'on s'y allonge (forme en arc de cercle, ou parfois accoudoirs en travers) mais j'ai fait une sieste confortable.

Enfin, arrivée du 2ème vol à l'aube à Almaty. J'ai pu remarquer une grande diversité parmi les passagers de la file réservée aux passeports kazakhs : type russe, mongol, chinois ou japonais, avec bien sûr tous les mélanges possibles. Et une rareté qui ne semble pas si exceptionnelle ici : des Kazakhs métis blonds aux yeux bleus avec des traits de type mongol très marqués.

Avec l'option parasol :-) La fatigue et le manque d'entraînement aidant, j'ai confondu un billet de 10000 avec un de 1000 KZT, le bagagiste-porteur-rabatteur du taxi a mieux gagné sa journée que le conducteur... Enfin, il a dû faire un effort pour traîner et hisser jusque dans le coffre mon encombrant et pesant bagage spécial : mon nouveau tricycle couché à suspension intégrale et châssis pliant, dont je parlerai quand j'aurai suffisamment roulé avec.

En attendant, voici la page qui lui est consacrée sur le site de son fabricant : AZUB Ti-Fly

Emballage en cours. Même pliant,c'est bien encombrant, juil. 2019

29 juin 2019

Ma prochaine destination / Мое следующое направление

Ce n’est pas…

Ses habitants étaient des nomades cavaliers pratiquant le chant de gorge diphonique et la chasse à l’aigle, mais ce n’est pas la Mongolie.

Kerwan : "Kөшпендилeр"

Drapeau du ...-stan C’est un grand exportateur de pétrole et de gaz, mais ce n’est pas un pays du Golfe Persique. C’est un pays à cheval sur 2 continents et où on parle russe, mais ce n’est pas la Russie. C’est un pays turcophone à cheval sur 2 continents, mais ce n’est pas la Turquie.

C’est…

un pays en –stan qui manque encore à ma collection, et le plus grand d'entre eux. C'est la terre natale des premières pommes. C’ est le premier producteur mondial d’uranium.

Point culminant du -stan où je vais cet été, vu depuis le -stan voisin : face sud-ouest du Khan Tengri

Le pays est constitué à 80% d' immenses steppes, mais son point culminant est à 7010 m. Je verrai peut-être sa face nord, mais probablement pas de cavaliers dresseurs d’aigles : il en reste dans le nord-est du pays, mais cette fois je visiterai seulement le sud-est ( le pays est grand comme 5 fois la France ).

L’avez-vous reconnu ?


Au fait, finalement, j'ai aperçu la face nord de ce point cumimant, et j'avais envie de mettre les 2 faces (la face sud-ouest kyrgyze, et la face nord-ouest kazakhe) sur une même page pour voir.

Le voilà : Khan Tengri. Il n'est visible que depuis un très court tronçon de la vallée de Bayanköl

La face est, c'est compliqué : pour la voir il faudrait monter une expédition dans le Xinjiang chinois...

27 juin 2019

Retour Dagestan - Géorgie / Прощай Дагестан

Il serait temps que je termine les mises à jour, avant un nouveau départ...

Zaynab Makhaeva : "Единственный"

Alors en résumé, à Gunib, j'ai visité les environs : musée ethnographique ; mémorial dédié aux combattants des Guerres du Caucase, et en particulier à l'imam Shamil qui avait négocié un traité de paix conférant au Daguestan un statut particulier aux marches de l'empire russe ; un petit parc régional avec un élevage de daims.

Vallée de Salta, le long de la petite rivière Bakdakuli

Arsen, une connaissance de Zimfira, m'a guidée jusqu'à la très originale cascade de Salta, à environ 1 h de route de Gunib.

Saltinskiy vodopad, une curiosité naturelle accessible par un chemin qui se perd dans le lit du ruisseau

Le chemin à Saltinskiy vodopad s'enfonce dans un étroit canyon Cette cascade a creusé plusieurs strates de roche pour se frayer un passage souterrain quasi vertical avant de redevenir un ruisseau à l'air libre. On y accède en remontant à pied le lit du ruisseau.

Arsen et moi avons ensuite été invités pour thé + goûter par un sympathique papi tout fier de parler quelques mots d'allemand et de me faire visiter le terrain avec le monument dédié aux victimes de la "Grande guerre patriotique" (la 2ème guerre mondiale), qui, comme dans toute la Russie et l'ex URSS, comporte une liste de noms relativement longue par rapport à la population locale.

L'école du village de Salta : contre l'extrémisme, le terrorisme et la toxicomanie.

Enfin, la fin des vacances approchant à grands pas, retour rapide : Zimfira m'avait trouvé un taxi partagé jusqu'à Levashi. J'ai ensuite repassé le col Nagrelabek, en sens inverse, cette fois sans pluie ni brouillard, et youpiiiii, 50 km de descente jusqu'à la Caspienne. La route était un peu rugueuse : c'est pendant cette descente que mes poignets m'ont convaincue de choisir un modèle intégralement suspendu pour mon prochain trike.

Petite pause dans l'échoppe de Munia J'ai fait une pause à Sergokala : je cherchais un petit restau mais panne d'électricité au village, aucun four à shashliks ou à tchudu ne fonctionnait. Munia m'a proposé de manger une soupe avec elle dans son petit magasin de pastèques et a refusé que je paie (j'ai demandé 3 fois...).

Entrée d'Izberbash. La boucle est bouclée.

De là, retour à Izberbash, dernier bain de mer, puis taxi pour Vladikavkaz, en passant comme à l'aller par la riante Tchétchénie avec le trike sur le toit de la petite Lada, la même qu'à l'aller. Le conducteur Abdullakh m'avait laissé son numéro de téléphone et attendait de pied ferme que je le rappelle pour le retour.

Il m'a déposée au poste frontière de Verkhnyi Lars, et là, ma commande de changement de vitesse a partiellement lâché. J'ai fait du camion-stop et je suis arrivée à Kazbegi dans le camping-car de Walter et Svetlana, un couple italiano-russe installé en Allemagne. Heureusement, car franchir en tricycle les 3 tunnels, pas éclairés et mal ventilés, aurait été infernal, limite suicidaire : ça bouchonnait, avec une longue file de camions dans chaque sens, plus des voitures qui essayaient de se faufiler au moindre élargissement et qui coinçaient ensuite la circulation. L'horreur...

Le lendemain matin, je suis arrivée miraculeusement à remettre en place la commande du changement de vitesses : ouf, j'ai pu franchir le col Djvaris !

Entre Kazbegi et le col Djvaris

J'y suis montée tout doucement, puis de nouveau, youpiiii, une grande descente jusqu'à la vallée de l'Aragvi. Juste avant d'arriver dans la plaine, je me suis posée dans un minuscule relais routier et j'ai appelé Giorgi pour terminer en taxi : pas trop envie de me risquer en tricycle sur les voies express d'entrée de Tbilissi...

Tbilissi, le centre ancien rénové et les thermes Tchreli Abanos.

Jgufi Bani : "მალიქა " (Maliqa - adzharuli)

Pour ma dernière journée à Tbilissi, je suis retournée aux thermes, avec cette fois l'option "massage sportif" : pas mal aussi. Mes hôtes, des Géorgiens d'origine arménienne, m'ont dit qu'ils avaient bien apprécié le petit cadeau que je leur avais apporté en arrivant il y a 1 mois, pour les remercier de m'avoir réservé une chambre sans versement d'acompte : du Brie truffé. Un de leurs oncles avait travaillé en France, ils connaissaient déjà quelques fromages français mais pas celui-là, et ils ont aimé !

Tbilissi. Immeubles typiques du centre historique

Pendant une excursion en minibus promène-touristes jusqu'à Sighnaghi, chef-lieu de la Kakhétie, la région des vignobles, j'ai prêté mon tricycle au touriste qui logeait à l'hôtel d'en face. Yaghoub, un iranien qashqay, languissait ici sans son vélo, car il avait dû abandonner sa voiture et son précieux chargement à la frontière Iran/Azerbaidjan. Enfin, j'ai passé un petit moment à reconstituer l'emballage de mon trike, voilà à quoi ça ressemblait :

Mon trike en tenue de camouflage, avant dépose de peaux de pastèques et cartons de pizzas vides

Quand je suis revenue vers minuit du petit restaurant qashqay (nouveau, avant c'était un restau de spécialités géorgiennes ici, sur la rue Pushkin) où Yaghoub m'avait invitée, j'ai retrouvé un petit amoncellement de cartons de pizzas vides et autres peaux de pastèques sur mon super-emballage... Heureusement, le camion-poubelle n'était pas passé faire le ménage !

14 avr. 2019

Magomed, bourgmestre de Sogratl / Магомед, градоначальник Согратля

Tchokh, village perché typique du Daguestan central

Mosquée à l'entrée de Sogratl. Les voitures ne vont pas plus loin. Magomed m'avait doublée la veille sur la petite route avant Gamsutl. Quand je lui ai expliqué que je voulais visiter le village-fantôme et Tchokh, un autre village perché mais bien vivant celui-là, il s'est efforcé de me convaincre que son village Sogratl était aussi intéressant que Tchokh et qu'il fallait que je vienne lui rendre visite.

J'ai hésité, car même si c'était proche, ma carte laissait prévoir une autre bonne grimpette pour y arriver.



Tcharondinskiy khor : "Гимн Дагестана" (chant patriotique avar)

Vue sur Tchokh entre des rochers depuis la petite route en contrebas

Qu'à cela ne tienne : le lendemain matin, Magomed m'a téléphoné pour savoir si j'étais bien en route, et il est venu à ma rencontre. Il m'a proposé de laisser le tricycle sur le parking d'une petite station-service en fond de vallée, et m'a conduite en voiture à Sogratl.

Tchokh, un village perché typique de la région

Au niveau architecture, Sogratl est en effet aussi intéressant que Tchokh, même si le site est un peu moins spectaculaire : Sogratl est à flanc de montagne alors que Tchokh est sur une petite crête.

Sogratl, village à flanc de montagne

Sogratl : tunnels piétons entre maisons du village Dans ces 2 villages avars, les maisons sont construites en escalier, le toit d'un niveau pouvant servir de terrasse à ceux du dessus. On peut circuler, à pied, par des ruelles, des escaliers et des arcades en tunnel, comme les traboules du vieux Lyon. Des grilles permettent de voir les galeries d'écoulement des eaux (pluviales ou eaux usées) qui descendent droit dans la pente, sous ou entre les constructions.

Magomed Gadzhiomarovitch est le bourgmestre de ce gros village.

Le long de la petite route qui monte à Sogratl, il m'a montré les rétroviseurs qu'il a fait installer dans quelques lacets ou au débouché de chemins transverses sans visibilité. Il avait vu de tels équipements quand il faisait son service militaire à Berlin-Est, et une fois devenu bourgmestre de son patelin, il a cherché un fournisseur pour la Russie. Visite du chef de district de Gunib dans la municipalité de Sogratl

Pendant qu'il me guidait dans les ruelles du village, j'ai aussi remarqué qu'il avait fait installer des corbeilles et des poubelles. Résultat : pas un détritus ni un emballage par terre, c'est le village le plus propre que j'ai vu au Daguestan.

J'ai pris un thé avec 3 employés de la municipalité, pendant que Magomed recevait une de ses administrées venue en fauteuil roulant à la Mairie. A la fin de l'entretien, les fils et/ou voisins de cette vieille dame sont venus porter le fauteuil dans les escaliers pour la reconduire chez elle. Ce n'est pas que la Mairie soit spécialement peu accessible aux PMR : en fait, tout le village est en escaliers...

Sogratl : la grande maison historique construite avec l'aide des moutons

Puis j'ai eu droit à une visite guidée de Sogratl. On a pris un thé avec quelques pâtisseries traditionnelles chez la mère de Magomed. Il m'a montré l'école, la boulangerie et son four tandyr, et une très grande maison avec cour intérieure dont j'ai oublié la fonction précise, mais dont la construction a nécessité d'acheminer du bois à dos de moutons. Un mouton porte peu, mais ils étaient nombreux !

L'école, avec les portraits des héros soviétiques de Sogratl

Un des portails menant à l'école. Gravé dans la pierre, il est écrit que chaque citoyen de l'URSS a droit à l'éducation L'école est une grande bâtisse : du temps de l'URSS, elle comptait près de 700 élèves ; ils ne sont plus que 120. L'exode rural est important au Daguestan.

Magomed m'a aussi montré le mémorial Vatan, dédié aux Daguestanais avars, lezgins et laks, qui s'étaient unis pour repousser Nadir Shah, le Napoléon persan du 18ème siècle. Et enfin, il m'a invitée à déjeûner à la gostinitsa du petit terrain de camping qu'il a fait créer en contrebas du village. Il y avait juste un chemin boueux et aucune signalisation pour y accéder, et encore aucun touriste. Mais Magomed fait de son mieux pour aider son village à être attractif, et veut rester optimiste quant au potentiel de sa région. J'espère que l'avenir lui donnera au moins un peu raison.

Sogratl : place à l'entrée du village, terminus pour les voitures

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