J"ai continué mon chemin le long du lac Sevan, pendant une quinzaine de km sur la bande cyclable à contre-sens de la voie express, cette fois de jour. Et en effet, personne ne m'a rien dit, même les 3 voitures de police que j'ai croisées sur ce tronçon.
Ensuite, la route 2x2 voies bifurque à l'ouest vers Erevan, et moi, j'ai continué à longer le lac vers le sud, tranquillement sur une route où il y avait relativement peu de circulation.
Le lac Sevan a eu une eau pure, et était peuplé d' "ishkhan", une espèce de truite réputée pour sa chair. Mais des prélèvements pour irriguer des régions plus sèches et alimenter quelques centrales hydroélectriques, le déversement de quelques polluants issus de mines d'or à la frontière Arménie / Azerbaidjan, et l'introduction de "sig" à l'époque soviétique, ont fait considérablement diminuer cette population de truites, et le niveau du lac d'environ 20 m.
Aussi, la plupart des restaurants ou des kiosques de poisson séché au bord du lac vous proposeront du "sig", qui est, si j'ai bien compris, une variante du lavaret de nos lacs alpins.
J'ai donc fait une cure de "sig" grillé + salade tomate-concombre aux herbes fraîches, et ai ainsi pu découvrir 2 autres herbes comestibles dont je n'ai pas retenu le nom, une au goût de radis, et une qui a un aspect intermédiaire entre aneth et estragon avec un goût très proche du persil.
Même sans baignade (l'eau est encore bien froide), j'ai pris mon temps, et j'ai visité au passage 3 sites touristiques dont un seul était plein de touristes et de kiosques pour touristes, Sevanavank. Le petit monastère de Hayravank était presque aussi photogénique et nettement plus calme.
Enfin, j'ai été un peu déçue par le cimetière de Noraduz, car on ne peut pas voir en même temps les "khatchkars" et le lac, et en plus, je l'ai visité par temps très gris...
Les "khatchkars", ce sont des pierres tombales, souvent dressées verticalement, et comportant des inscriptions, des scènes de vie et/ou des croix. Les plus rustiques et résistants (certains datent de plus de 10 siècles) sont taillés dans des roches volcaniques, les plus finement sculptés sont taillés dans des roches calcaires.
La production de pierres de taille reste une activité courante en Arménie, on voit régulièrement de petites fabriques le long de la route, où une grosse machine découpe les blocs de cailloux en plaques.
Et après ce tronçon presque plat, bien sûr, il y a d'autres montagnes et cols. Le suivant sera le col Selim, le plus haut de mon petit tour en Arménie, à 2410 m d'altitude.
J'ai pu admirer au passage le travail d'une équipe de pose de "rustines" sur les nids de poule de cette route de montagne (je rajouterai une photo plus tard, quand j'aurai pu transférer les fichiers de mon appareil photo vers mon ordi). Puis j'ai franchi le col tout doucement, entre une averse et un orage, avant que le brouillard ne bouche la vue dans la descente versant Vayots Dzor, une des 2 provinces du sud de l'Arménie.