Steppe, ma ste-e-ppe / Степюшка степь
Par Moi le 23 janv. 2020, 17h59 - Kazakhstan - Lien permanent
Bon, je ne vais pas m'étendre trop longuement sur le sujet, mais à propos d'étendue, la steppe kazakhe, c'est quelque chose. Et pourtant je n'en ai parcouru qu'une infime portion.
Il y a une certaine variété : l'herbe peut être plus ou moins verte ou sèche, rase ou plus haute, ou rase avec quelques touffes hautes, ou complètement râpée avec quelques petites touffes. La route, avec en moyenne un virage tous les 5 km, peut être un excellent macadam ou une piste poussiéreuse en tôle ondulée.
Le point commun, c'est la rareté ou l'absence des arbres et des habitations, à tel point que quand on aperçoit quelque chose à l'horizon, on sait qu'on va mettre au moins 1/2 h pour s'en approcher, sauf si c'est le nuage de poussière produit par un véhicule qui arrive en sens inverse.
Et entre temps, il n'y aura rien d'autre à voir, à part, éventuellement, un aigle de passage. On finit par se résigner. Mais si la route est mauvaise ou en faux-plat montant, à la vitesse d'un tricycle sans assistance électrique, on finit par trouver le temps long.
Il peut y avoir un petit vent frais ou il peut faire très chaud : mon thermomètre est monté jusqu'à 46,7°C au soleil dans la région entre Charyn et Zharkent. Je sais que les relevés météo donnent la température à l'ombre, mais à quoi bon quand la seule ombre présente sur plusieurs dizaines de km est la mienne ?
Je faisais régulièrement de petites pauses pour boire un peu ou manger une pomme. Le premier litre d'eau fraîche dans mes 2 petites gourdes-thermos ne durait pas longtemps ; ensuite je buvais l'eau chaude des vaches stockées sur le porte-bagage arrière (non, je n'ai pas transporté de bétail ni puisé mon eau dans les abreuvoirs ! Je parle de mes vaches à eau Ortlieb). Et les pommes, c'est bien : douillettement rangées parmi les vêtements dans les sacoches, elles se réchauffent moins vite que l'eau sur le porte-bagages.
Mais qu'il fasse chaud ou froid ne change pas le fait qu'à la longue, on finit par se dire que les avantages qu'il y a à voyager lentement, à vélo, ne servent pas à grand-chose dans la vaste steppe...
On a le choix entre méditer en pédalant, ou pédaler en méditant, et on peut en profiter pour recharger les batteries de l'appareil photo pendant qu'on vide celle du baladeur mp3.
Mais bon, c'est un peu dissuasif pour un éventuel futur SunTrip. Pourtant, ce truc est fantastique : les participants, qui ne sont pas tous de grands sportifs, parcourent près de 12000 km en moins de 100 jours, de la France à la Chine, sur des vélos à assistance électrique rechargés par panneaux solaires. Le recordman du Sun Trip en 2018 n'a mis que 46 jours pour faire Lyon-Canton, et cette même année, un autre participant a établi le record de distance en une journée (c'est-à-dire, pour le Sun Trip, du lever au coucher du soleil) : 427 km, dans la steppe kazakhe justement, avec soleil radieux et vent dans le dos ! Mais sur la distance, il y a quelques milliers de km de steppe inhabitée, et surtout, encore plus dur pour moi, dans les autres tronçons où il y a plein de distractions, il faut se dépêcher pour finir dans les temps...
Commentaires
-- pour info : le Sun Trip, initialement lancé sur les "nouvelles routes de la Soie" entre 2013 et 2019, a eu un peu de mal à se remettre des con-finements et diverses fermetures de frontière post-covid. Les organisateurs ont décidé de proposer d'autres itinéraires pour les éditions suivantes, en Europe, puis en Amérique du Sud ou en Afrique du Nord.