De l'Arkhmi au Suargom / От р.Архми до р.Суаргом
Par Moi le 10 sept. 2017, 21h05 - Kavkaz - Lien permanent
Après la visite de quelques petits villages flanqués de tours, on avait prévu de redescendre la vallée de la rivière Arkhmi, de retraverser le Terek par le pont par lequel on est arrivées en Ingouchie, puis de remonter le Suargom, une des rares rivières ossètes dont le nom ne se termine pas par "don" (дон = eau en ossète).
Facile, sauf que sans les vélos, on se traîne. L'autostop se pratique, les automobilistes s'arrêtent relativement facilement quand ils ont des places, mais ils sont tellement peu nombreux sur ces petites routes transverses qu'on attend longtemps. A Dzheyrakh, on a compris vers 13 h qu'on avait relativement peu de chances de trouver un véhicule avant le bus de 16 h.
Mais ce n'était pas gênant : ça nous a permis de profiter d'une invitation. Zara habite Nazran et est fonctionnaire dans je ne sais plus quelle administration régionale à Dzheyrakh. Elle nous a saluées, et proposé de laisser nos gros sacs là, au bord de la route, pour prendre un thé chez la voisine.
Toutes les maisons du village sont entourés de murs, avec un grand portail en fer forgé qui barre l'entrée. Mais dès qu'on rentre, on trouve une cour intérieure avec un préau qui sert de salon l'été. C'est très agréable. On y a pris le thé.
Les gens du coin sont assez fiers de leur région et nous invitent généreusement à goûter aux produits locaux. Mais la région est morcelée, et a bien souffert des guerres civiles.
L'Ingouchie a accueilli de nombreux réfugiés qui fuyaient la guerre de Tchétchénie, et a elle-même déclenché un conflit avec l'Ossétie voisine, lequel s'est soldé par l'expulsion des Ingouches qui résidaient dans un district limitrophe d'Ossétie... Voilà comment la population de Nazran, principale ville d'Ingouchie, est passée de 20'000 à 120'000 en 10 ans.
J'ai essayé de profiter de cette rencontre pour apprendre quelques mots d'ingouche. Je n'en ai retenu que 2, deux façons de dire merci : баркал ou хIаделъдукх (avec 2 syllabes sur 3 qui viennent de tout au fond de la gorge). J'ai aussi appris 1 ou 2 qualificatifs russes employés par Zara pour désigner les Ossètes ou les Russes, mais j'éviterai de les citer publiquement...
Après sa journée de travail, Zara a pris le même bus que nous pour rentrer à Nazran via Vladikavkaz (la route qui ne passe pas par l'Ossétie est plus longue). Elle s'est assurée que le conducteur avait bien compris à quel carrefour on voulait se faire déposer, puis nous a laissé son numéro de téléphone en nous proposant de venir manger les shashliks chez elle si on passait à Nazran.