Kazan, république du Tatarstan / Казань, республика Татарстан
Par Moi le 10 juin 2016, 21h35 - Tatarstan - Lien permanent
Après 2 nuits tranquilles dans un train qui poursuivait son trajet de Novossibirsk jusqu'à Sotchi, je suis arrivée dans un des "-stan" qui manquait à ma collection, puisque Kazan est la capitale de la république du Tatarstan.
A quelques % près, la moitié des habitants du Tatarstan sont tatars et l'autre moitié russes.
Outre le fait que le Tatarstan n'est pas un pays à proprement parler, le peuple tatar est une notion un peu confuse, à géométrie variable selon les époques et la nationalité des auteurs des manuels d'histoire. Très schématiquement, les Tatars sont issus d'un ensemble de tribus turco-mongoles (leur langue est proche du turc), qui à un moment donné faisaient partie des Huns, et qui se sont mélangés avec diverses populations slaves ou finno-ougriennes.
Les Tatars de la Volga, entre Kazan et l'Oural, sont plus nombreux que les Tatars de Crimée. Ils ont de proches cousins descendants de la Horde d'Or dans la région d'Astrakhan et au Daghestan (les Nogaï), et de très lointains cousins européens (les Bulgares et les Magyars).
On voit assez vite que Kazan est une ville riche : nombreux bâtiments imposants, parfois récents, aux façades impeccables, flotte de bus et trolleybus assez récente et non dépareillée, rues bien entretenues, boutiques de marques... Kazan accueille de nombreuses compétitions sportives internationales. Le Tatarstan a du pétrole, et jouit d'une certaine autonomie dans la gestion de ses ressources.
Bien sûr, comme partout, il y a aussi des quartiers moins reluisants : j'ai été hébergée 2 nuits en banlieue chez Rizvon, un immigré tadjik, le mari d'une de mes hôtes de l'été 2015. Dans la petite maison qu'il louait à un immigré ouzbek, accessible par un chemin boueux, son chauffe-eau chauffait l'unique pièce habitable mais pas l'eau de la douche : j'aurais préféré le contraire. Mais bon, par rapport à la maison familiale sans eau courante dans la vallée de Zeravshan, c'était déjà un progrès... Après, je me suis offert un hôtel près du centre pour mieux profiter de la ville.
Le jour de mon arrivée, il y avait une fête au centre-ville : on célébrait le 130-ème anniversaire de la naissance de Tuqay, un grand poète tatare.
Des délégués de différents pays turcophones (Kazakhstan, Kyrgyzstan, Azerbaïdjan, etc...) ont lu des discours honorant la mémoire du poète, et une demi-douzaine d'ensemble folkloriques chantaient et dansaient dans la rue. C'était chouette.
Un autre personnage historique important est le chat de Kazan. Il doit sa notoriété au fait qu'un oukaze de l'impératrice Elizabeth Petrovna avait réquisitionné des chats de Kazan pour chasser les souris du palais d'hiver à Peterburg. J'ai aussi lu quelque part qu'un chat se serait distingué en sentant arriver un ennemi dans Kazan assiégée à l'époque d' Ivan le Terrible, ce qui aurait permis au khan local de s'enfuir à temps. Le chat de Kazan a son monument dans la grande rue piétonne du centre-ville.
Les passants se font photographier bras dessus patte dessous en sa compagnie.
Le Kremlin de Kazan est classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Il est très photogénique. J'ai passé des heures et des heures à me promener dedans et autour, à vélo et à pied, pour voir quel côté était plus joli à quelle heure de la journée. La grande mosquée est très kitsch, mais le reste a beaucoup de cachet.
Pendant que je me promenais, j'ai été abordée à plusieurs reprises par des gens (Tatars ou Russes, je ne sais pas trop, on rencontre tous les degrés d'hybridation possibles) qui voulaient me souhaiter la bienvenue. C'était agréable, ça me rappelait l'Asie centrale. A part un détail très occidental : un musée de la culture vélocipédique rue Baumann (il y a même quelques petits tronçons de piste cyclable à Kazan).
J'ai logé dans un charmant petit hôtel en plein centre, dans une arrière-cour tranquille, que j'ai déniché par hasard en apercevant une minuscule pancarte manuscrite au 22 ulitsa Profsoyouza (rue du Syndicat). La patronne était très accueillante ; elle m'a offert une petite boîte de cha-cha (une confiserie locale) le soir de mon départ. C'était pour me remercier d'avoir fini par accepter de discuter en anglais : je voulais m'entraîner en russe, mais elle a vraiment insisté pour pratiquer son anglais...
Elle a appelé un chauffeur de taxi qui s'est montré lui aussi très serviable : il n'avait qu'une petite berline dont on ne pouvait pas rabattre les sièges arrière, et sans galerie de toit. Mais il n'a pas douté une seconde que nous arriverions à l'aéroport avec tout notre chargement. On a sanglé le carton du vélo vide directement sur le toit, bourré le vélo en travers sur le siège avant et 2 places arrière. Le conducteur passait son bras à travers le cadre pour changer de vitesse, et j'étais assise en biais contre une portière arrière. Comme il m'a dit "ça vous fera un souvenir à raconter!".