Dernier col avec vue sous les aigles / Последний перевал с видом под орлами
Par Moi le 17 mai 2020, 23h56 - Kazakhstan - Lien permanent
J'ai un peu hésité à refaire une tentative d'approche des monts Aktau, mais cela m'aurait obligée à terminer ma boucle au pas de course. Tant pis, j'ai gardé l'habitude qui avait rendu mes précédents voyages si agréables et intéressants : se laisser porter par les imprévus, plutôt que de collectionner frénétiquement les sites touristiques.
Les aigles me l'ont bien rendu : à l'approche des hauteurs qu'on franchit par le col Altyn Emel, ils étaient nombreux par cette belle journée d'après orage.
La position semi-allongée sur un tricycle couché, et sa stabilité intrinsèque à basse vitesse, sont idéales pour admirer le ballet des aigles royaux : j'en ai eu jusqu'à 6 volant simultanément dans mon champ de vision. Bon, OK, le champ de vision est vaste dans la steppe kazakhe, mais quand même !
C'est un beau spectacle, difficile à rendre en photo : le contraste entre la relative lenteur de leurs battements d'ailes, et la vitesse à laquelle ils volent ou changent de direction, est impressionnant. Pas étonnant que l'aigle soit si souvent présent sur les armoiries des empereurs...
Au pied du col, une vieille voiture au look typique des Volga de la fin de l'URSS s'est arrêtée juste devant moi. Toute la famille est sortie pour me saluer cordialement et m'offrir un fruit et quelques biscuits. Comme je leur faisais part de mon étonnement amusé en comptant le nombre de passagers qui venaient de descendre de la voiture, le père m'a proposé avec un grand sourire d'emporter un des enfants sur mon porte-bagages, déclenchant l'hilarité de sa petite tribu.
Le ruisseau qui, d'après ma carte, longeait la route, était à sec sur une partie du parcours, mais je n'ai pas manqué d'eau. Quelques fermes ou yourtes isolées vendaient du kumyz, fromage ou un repas sommaire à base de shashliks.
La vue de l'autre côté du col s'ouvrait progressivement sur une steppe vallonnée où je me suis posée pour un dernier bivouac, puis sur la plaine d'Almaty.
J'ai traversé Sary Özek, une petite ville flanquée de quelques usines en ruine, et j'ai fait une pause de 2 jours à Kapchagay, dans un hôtel un peu excentré qui ne payait pas de mine, mais bien confortable : j'avais un petit appartement climatisé dans un préfabriqué, avec sauna dans le bâtiment d'en face et un restaurant juste à côté. Mais ma gourmandise m'a poussée à aller tester un restaurant géorgien au centre ville.
Kapchagay est une station avec des casinos à la réputation sulfureuse, quelques centres de vacances qui ont plus ou moins bien vieilli,
une centrale hydroélectrique et une banlieue industrielle fatiguée.
Les plages du lac de Kapchagay ne sont pas super attractives, j'ai finalement préféré me relaxer à l' Akvapark, avec ses aires de pique-nique, son café-restaurant en terrasse et ses bassins avec toboggans.