Bienvenue à Ordzhonikidze / Владикавказ 2
Par Moi le 8 oct. 2017, 17h59 - Kavkaz - Lien permanent
De retour à Vladikavkaz, on n'a eu aucune peine pour retrouver à se loger : le bus de touristes russes allait au Kadgaron, l'hôtel où on s'était posées en arrivant la semaine dernière.
La réceptionniste a fait un peu la tête parce qu'on avait perdu un de nos coupons d'enregistrement, mais nous a finalement ré-enregistrées, puis le lendemain matin, nous a suggéré d'aller voir un petit atelier près du marché central, rue Ramonova.
Cet atelier était minuscule. Il y avait bien un peu de quincaillerie, une perceuse sur pied et une machine pour copier des clés, mais le technicien a rapidement conclu qu'il ne pourrait rien faire pour nos morceaux de chariot. Par contre, à OZATE, peut-être on trouverait la solution. Il nous a montré l'emplacement sur notre plan de ville, et nous voilà reparties, en tram. Faudra que je vous fasse un petit topo sur le réseau de tram de Vladikavkaz, une prochaine fois.
Quand le tram 5 ou 9 nous a déposées à destination, on était un peu perplexes. A côté du magasin AIST velosiped, il y avait une grande bâtisse datant de l'époque soviétique, avec une enseigne ОЗАТЭ gravée dans le béton, mais fermée.
On est rentrées dans le magasin de vélos, et le jeune qui était là nous a fait passer dans l'arrière boutique, puis dans l'arrière-cour, pour entrer dans une annexe dont ne ne sait pas très bien si elle faisait partie de la boutique ou de l'usine.
Cet atelier était un sympathique capharnaüm, on ne s'est pas ennuyées pendant les 2 heures de l'intervention. On pouvait regarder les infos à la télé, mais ce n'était pas le plus intéressant.
On a pu lire une affiche bien illustrée expliquant comment démonter, nettoyer et remonter son AK74, un fleuron de l'industrie soviétique plus connu chez nous sous le nom de la marque, Kalashnikov.
On pouvait aussi admirer diverses décorations : une arbalète, un sabre, une hache, une baïonnette, des médailles d'anciens combattants ou des fanions de clubs de trial, et un portrait d'un Caucasien mondialement connu, Iossip Vissarionovith Djougachvili. Il y avait aussi un portrait de Vladimir Illitch Oulianov, mais moins visible dans le hall d'entrée.
L'usine est en voie d'abandon, mais il reste quelques machines-outils, et une grande carte murale de l'URSS, toute jaunie par le temps.
Le technicien le plus expérimenté de la maison a pris le chariot en main. Comme il n'avait pas de raccords de la bonne dimension, ni de poste pour souder l'alu, il est allé dans un atelier bien plus grand pour tourner et fraiser 2 raccords sur mesure en tube d'acier. Il a ensuite poncé minutieusement pour que tout s'emboîte bien, taraudé et vissé les raccords, et voilà.
Il avait visiblement une bonne formation de mécanicien, mais pas de commercial : j'ai insisté un peu pour payer, mais il a répondu qu'il était normal d'aider les voyageurs.
Pour fêter la réussite de notre mécano, on a bu un pot à sa santé à la Pivnaya SSSR sur Prospekt Mira : za mir !
Dans cette petite brasserie typiquement russe, on commande de petites assiettes de poisson séché pour accompagner la bière, et on peut la siroter en regardant des comédies des années 60-70, ou en feuilletant des magazines ou des bouquins rangés sur une étagère : j'ai aperçu un Code du travail soviétique, par exemple.
Ah, au fait, vous l'avez peut-être reconnu dans la pénombre au-dessus de la télé : c'est encore un portrait de l'Homme d'acier soviétique.
Je n'ai pas vu s'il y avait aussi dans un autre coin un portrait de ses copains également originaires du Caucase, Mikoyan, Beria et Ordzhonikidze.
Vladikavkaz a porté le nom d'Ordzhonikidze pendant une soixantaine d'années, du temps de l'URSS, à part un intermède d'une dizaine d'années où la ville a porté un nom ossète, Dzadzhykhau.
Commentaires
-- pour info : je suis repassée à l'atelier l'année suivante, sur ma route entre Tbilissi et le Daguestan. Le mécano était toujours là, il m'a reconnue, et était content que je lui confirme que sa réparation avait tenu bon. Je lui ai présenté mon tricycle, et fait cadeau d'un Opinel option bricolage (https://www.opinel.com/multifonctio...) avec un mot de remerciement gravé sur la lame. Il a commencé par refuser ce petit cadeau, puis l'a finalement accepté mais en échange pour moi d'un kopeck et d'une petite cuillère gravée de sa fabrication. Sympa...