Datcha accueillante et sanatorium fantôme / Уютная дача и призрачный санаторий

Des ruchers nomades, on pensait aller facilement jusqu'à Dargavs en 2 jours.

Vallée du Suargom ; au fond, l'Ingouchie

Khakhty Zalta & ansambl Sarmat : "Терчы бабызта" (chant ossète)

Nos permis zone frontière ont bien sûr été contrôlés. Le poste de contrôle ossète n'était pas très visible, il faut faire un détour de 50 m pour passer devant le portail, mais les garde-frontière savaient bien qu'on allait passer : ils patrouillent régulièrement sur la piste et on les avait déjà rencontrés un peu plus bas la veille.

Utilisation de l'abondante végétation locale : bouillon-blanc. Ah non, pardon : pétasite A pied, on avance bien plus lentement qu'à vélo, alors on a plus de temps pour observer la végétation, un peu similaire à celle des Alpes, mais avec plus de plantes plus grosses, plus grandes, plus fleuries. J'ai mangé des fraises des bois et des framboises, et apprécié quelques plantes non comestibles mais bien pratiques : la pétasite utilisable comme parasol, et le bouillon-blanc qui peut avantageusement remplacer le PQ grâce à ses grandes feuilles veloutées.

Un raccourci entre le col et Staraïa Saniba En-dessous de 2000m, si les troupeaux n'ont pas tondu, il est parfois difficile de se frayer un chemin à travers champs. On a quand même pris 2 raccourcis là où l'herbe et les plantes n'étaient pas trop hautes, pour arriver en fin d'après-midi à Staraïa Saniba.

Là, après avoir fait le plein d'eau dans la première maison sur notre chemin, on est remontées jusqu'à un petit pont sur le Kauridon, et comme la piste n'avait pas l'air de continuer, on a demandé si on pouvait rejoindre Karmadon en suivant le trajet du gazoprovod (le petit gazoduc qui alimente ces villages) ou s'il fallait contourner le pied de la butte. Carte et vue satellite de l'éboulement du glacier Kolka dans la vallée du Genaldon Et là on a déchanté : Raïa nous a dit qu'on ne pourrait pas franchir le Genaldon et le grand éboulement en traînant notre chariot. Il fallait descendre jusqu'à l'entrée des gorges pour trouver un pont, puis remonter à Karmadon, soit environ 7 km de détour. Et ça, à pied, c'est beaucoup !

Alors, quand Raïa nous a proposé de faire une pause pour prendre le thé en attendant que la voiture soit prête, on a accepté avec soulagement et gratitude. Bien sûr, avec le thé, enrichi en herbes aromatiques du coin (menthe, sauge, origan,...), on a eu du gâteau, des biscuits et du miel. Et on a bavardé sous la véranda.

Raïa habite Vladikavkaz où elle est habituellement très sollicitée par ses petits-enfants, alors pour se reposer, elle monte ici à la datcha avec son mari, ancien général et depuis peu député. Le général nous a demandé ce qu'on pensait de notre nouveau président, et si il allait continuer à coller aux basques des USA comme ses prédécesseurs. Raïa, elle, nous a expliqué que le nom du village suivant, Karmadon, signifiait chaude-eau. Du coup on s'est mises à parler des familles de langues: l'ossète est presque (*) la seule langue du Nord Caucase apparentée, d'un peu loin, au persan (karm, c'est la même racine que garm en persan et en tadjik). Il existe 2 dialectes en Ossétie du Nord, la langue officielle iron, langue maternelle de son mari, alors que Raïa parle digor ; du coup entre eux ils parlent russe. Enfin, amusée par ma tentative pour prononcer avé l'accent les 2 mots d'ingouche que j'avais appris, elle a fini par nous dire qu'elle n'aimait pas bien les Ingouches, plus enclins à guerroyer que les paisibles Ossètes.

Contreforts du Mont Tchizdzhinkhokh au-dessus de Karmadon

Sur ces bons mots, le voisin et sa voiture étaient prêts, on a démonté le chariot, et notre chauffeur nous a déposées à Karmadon à la nuit tombante. On a choisi dans le noir un coin avec vue en prévision du p'tit déj.

Bivouac avec vue à Karmadon : massif du Kazbek

C'était pas mal, même si on se doutait bien que de l'autre côté, ce serait moins glamour avec les immeubles abandonnés qu'on avait vus de loin la veille.

Bivouac avec vue à Karmadon, côté face

La chute de l'URSS et l'effondrement du glacier Kolka (125 morts en 2002) ont eu raison de la station thermale de Karmadon. Et... nos sacs à dos ont eu raison du chariot-pulka (on n'aurait peut-être pas dû essayer de mettre les 2 sacs à la fois dessus) : un bras puis l'autre ont rompu au moment où on se posait à Karmadon.

Annexes

Commentaires

1. Le 9 sept. 2018, 13h50 par moi

-- eh ben, je n'étais pas à jour ! On recense en fait 3 langues persanes dans le Nord-Caucase : l'ossète sous ses 2 variantes iron et digor, le tat (une des 14 langues officielles du Daghestan), et le juhuro ou judéo-tat, pratiqué par une petite minorité dite "Juifs des Montagnes" dans la région frontalière Russie / Azerbaïdjan.

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